4ème de couverture: « La psychanalyse a ouvert le débat sur l’hypothèse d’une transmission de la vie psychique entre les générations. Il ne faudrait pas pour autant la traduire en termes de causalité, de destin inéluctable. Si tout homme naît héritier, il n’en construit pas moins lui-même sa propre histoire à partir de son terreau généalogique – à moins qu’on ne lui en ferme l’accès. Martine Lani-Bayle a élaboré la réflexion qu’elle expose ici dans le cadre de sa pratique de psychologue clinicienne auprès d’enfants qui souffrent de ne pas vivre dans leur famille de naissance, ou qui souffrent d’y vivre. Elle montre la nécessité de les aider à poser des mots authentiques sur leurs ressentis, grâce à des démarches comme les arbres ou les histoires de vie. Celles-ci leur permettent d’articuler une histoire parfois difficile en se l’appropriant, déjouant ainsi les pièges des « interdits d’oublier » et de la discordance entre le vécu et l’ignorance imposée par les « interdits de savoir ». Cette mise en mots narrative, créatrice de sens, ne change pas le passé, mais elle transforme le regard que chacun peut y porter. Par là, elle favorise la genèse des savoirs qui se construiraient, comme le développe l’auteur, là où le récit est possible. »
L’enfant et son histoire. Vers une clinique narrative, Erès 1999
L’histoire ne se fait pas sans le savoir, ou alors cela fait des histoires.
Longtemps l’auteur fut psychologue, longtemps elle s’est interrogée sur le sort réservé à certains enfants plongés dans des contextes de vie mouvementés. Elle en a reçu des centaines. Avec eux, elle a tenté de rapiécer des bouts éparpillés de leurs parcours. Mais la magie des mots lui a souvent échappée.
Ils n’ont pas de contours précis, ces enfants qui sont pourtant, ou leurs descendants maintenant, parmi nous. Eux-mêmes ne savent pas toujours qui ils sont, d’où ils proviennent. Ils donnent l’impression que leur vie leur glisse entre les doigts sans rien retenir sur son passage. Cabossés de partout dans leur corps, leur tête, leur cœur, ils portent les traces de stigmates sans nom.
Du temps où elle fut psychologue, l’auteur s’est trouvée prise en otage de leurs désirs, cherchant un ouvreur de chemin qui facilite la narration, seule productrice possible de sens. Mais quel sens viable pour eux ? Quels sont donc les seuils du dicible, de l’audible, de la discordance, de la folie ?
Elle a voyagé avec ces questions, exposées dans cet ouvrage qui leur est dédié. Pour qu’on ne les oublie pas. Car eux, ils n’oublient pas.
Dernièrement, Martine Lani-Bayle a travaillé et repris ces problématiques aux plans national et international dans un nouvel ouvrage, paru chez Chronique Sociale en 2006 : Taire et transmettre. Les histoires de vie au risque de l’impensable.
Réactions :
• « Nous savons, depuis Piaget et sa méthode critique, l’importance de dire pour construire (le savoir). Martine Lani-Bayle fait comprendre la nécessité de se dire pour se construire. Le livre présente des concepts nouveaux articulés autour des interdits d’oublier, des interdits de savoir ou de l’insu qui est “un su qui ne se sait pas parce qu’il n’a pas le droit de se savoir”. Le livre s’inscrit dans une cohérence éditoriale qui inscrit l’individu dans l’histoire de vie généalogique. Une réflexion qui ignore les sentiers battus. » Michel Perraudeau (Anjou Laïque)
• « L’auteur, psychologue clinicienne a beaucoup écouté des enfants séparés de leur famille de naissance, adoptés ou placés en famille d’accueil ou foyer. Pour ces enfants quelque chose du secret ou du non-dit constitue leur héritage singulier. Ils sont soumis à des “obligations instituées de non-savoir” et au devoir d’oublier. Martine Lani-Bayle explore toutes les facettes de la souffrance transgénérationnelle et interroge la question de la vérité, du savoir et de son rôle de thérapeute “ouvreur de chemin”. Elle n’est pas là pour dévoiler à l’enfant une vérité mais pour l’accompagner dans la construction, re-construction d’une histoire, fictive, mythique qui le fera non plus objet ni même acteur de son récit mais auteur de sa narration. Un très beau livre émaillé de poétiques citations d’écrivains qu’on a envie de lire ou relire. » Nicole Martin (Envie d’école)
• « Un grand merci pour L’Enfant et son histoire. C’est un beau titre et je suis heureux que ton livre soit publié. J’ai toujours pensé qu’il le méritait. Je trouve un grand intérêt à te lire, d’autant que nos réflexions convergent sur bien des points. Tu arrives avec talent à intégrer des exposés cliniques avec des réflexions théoriques. Ce n’est pas si fréquent. Je souhaite un grand succès à ton ouvrage. » Vincent de Gaulejac
• Jean-François Gomez, « L’histoire de vie est-elle une fiction ? » (Cultures en mouvement, voir dossier attaché)
Commentaires: Cet ouvrage, comme je me plais à le dire, constitue mon “testament” de psychologue, et explicite les liens entre cette fonction que je n’exerce plus, et celles qui devinrent les miennes ensuite à l’Université – l’enseignement et la recherche. Ce qu’il traite, c’est le constat que l’histoire ne se fait pas sans le savoir, ou alors cela fait des histoires… : Si longtemps je fus psychologue, de bonne heure je me suis interrogée sur le sort réservé à certains enfants plongés dans des contextes de vie mouvementés. J’en ai reçu des centaines. Avec eux, j’ai tenté de rapiécer des bouts éparpillés de leurs parcours. Mais la magie des mots m’a souvent échappé. Ils n’ont pas de contours précis, ces enfants qui sont pourtant parmi nous. Eux-mêmes ne savent pas toujours qui ils sont, d’où ils proviennent. Ils donnent l’impression que leur vie leur glisse entre les doigts sans rien retenir sur son passage. Cabossés de partout dans leur corps, leur tête, leur cœur, ils portent les traces de stigmates sans nom. Du temps où je fus psychologue je me suis trouvée prise en otage de leurs désirs, cherchant un ouvreur de chemin qui facilite la narration, seule productrice possible de sens. Mais quel sens viable pour eux ? Quels sont les seuils du dicible, de l’audible, de la discordance, de la folie ? J’ai voyagé avec ces questions, ce sont elles que j’expose dans ce livre que je leur dédie. Pour qu’on ne les oublie pas. Car eux, ils n’oublient pas. Des enseignements profonds sont à tirer de telles expériences au sein de mon cadre actuel, les Sciences de l’éducation. Un tel ouvrage y a ainsi toute sa pertinence, qui traite des fondements actifs du rapport au savoir.
Selon Michel Perraudeau (février 2000): « Nous savons, depuis Piaget et sa méthode critique, l’importance de dire pour construire (le savoir). Martine Lani-Bayle fait comprendre la nécessité de se dire pour se construire. Le livre présente des concepts nouveaux articulés autour des interdits d’oublier, des interdits de savoir ou de l’insu qui est « un su qui ne se sait pas parce qu’il n’a pas le droit de ses savoirs ». Le livre s’inscrit dans une cohérence éditoriale qui inscrit l’individu dans l’histoire de vie généalogique. Une réflexion qui ignore les sentiers battus. »
Selon Nicole Martin (FNAREN, avril 2000): « L’auteur a beaucoup écouté des enfants séparés de leurs familles de naissance, adoptés, ou placés en famille d’accueil ou foyer. Pour ces enfants, quelque chose du secret ou du non-dit constitue leur héritage singulier. Ils sont soumis à des « obligations instituées de non-savoir » et au devoir d’oublier. Martine Lani-Bayle explore toutes les facettes de la souffrance transgénérationnelle et interroge la question de la vérité, du savoir et son rôle de thérapeute « ouvreur de chemin ». Elle n’est pas là pour dévoiler à l’enfant une vérité, mais pour l’accompagner dans la construction, re-construction d’une histoire, fictive, mythique, qui le fera non plus objet ni même acteur de son récit, mais auteur de sa narration. Un très beau livre émaillé de poétiques citations d’écrivains qu’on a envie de lire ou relire. »
L’enfant et son histoire:
vers une clinique narrative,
Erès, 1999. 215 pages.
Erès, 11 rue des Alouettes,
31520 Ramonville Saint-Agne ; 21,35 Euros.