4ème de couverture: « Cette histoire de vie généalogique, reconstruite par l’auteur à la faveur de secrets récoltés, dévoile l’existence de l’une de ses ancêtres dont le souvenir se réduit au parcours peu banal de deux hommes, son père et son fils.
Le premier, Charles Lebon, journaliste intrépide, fonda la Compagnie qui diffusa et industrialisa le gaz d’éclairage et de chauffage dès 1838 en France, en Espagne, en Egypte et en Algérie. Le second, l’Officier d’Etat-major Paul Bayle, avait Alfred Dreyfus pour stagiaire lors du déclenchement de l’Affaire. Il décéda dans des circonstances troublantes en 1895.
Caroline Lebon-Bayle, fille du premier et mère du second, demoiselle de la Légion d’honneur, épouse, mère puis veuve, renaît sous la plume de son arrière-petite-fille qui nous fait découvrir des pans méconnus d’une histoire qui nous concerne tous.
Outre l’intérêt des vies auxquelles il nous fait participer, l’originalité de cet ouvrage réside dans l’implication d’un auteur dans le récit biographique de la vie de personnes dont il descend».
Commentaires: Au départ c’était un vœu que je m’étais toujours fait, à savoir écrire les conditions exceptionnelles du décès « accidentel » de mon ancêtre, tues dans la famille en raison de la gravité des circonstances : aux toutes premières loges de l’Affaires Dreyfus. Il était tacitement convenu dans la famille qu’il n’en serait pas question ouvertement dans les conversations tant qu’un enfant de cet homme serait encore en vie. La dernière est décédée en 1981, dans sa 97ème année… J’ai décidé alors d’écrire ce qui m’avait implicitement été transmis, et qui avait même (et en grande partie encore) été caché officiellement – ce qui, curieusement, n’a guère alerté les historiens et traqueurs de secrets, tellement l’homme était discret et l’affaire bien gardée… Et non, on ne s’intéresse pas à la généalogie ni aux secrets de famille par hasard, alors que je travaillais par ailleurs auprès d’enfants qui n’avaient pas, autour d’eux, la possibilité de reconstituer quoique ce soit d’historique ou d’anticipateur les concernant. Voilà. Et comme dans le champ des histoires de vie on ne travaille pas à partir des autres sans partir d’un travail sur soi, c’est cette aventure d’écriture qui m’a permis de réaliser l’ouvrage de théorisation précédent : ancré donc sur des bases dites d’implication réfléchie. Cette démarche m’a ouvert d’autres portes dont on mesurera les effets plus loin : en effet jusque-là j’avais pas mal écrit, certes, mais toujours des textes en lien avec mon travail ou mes recherches. Des idées, réflexions et concepts, donc, ou des bribes de vie dans le cadre de rapports ou illustrations, mais pas des personnes en tant que telles, dans leur globalité d’existence. Là pour la première fois, j’articulais vraiment écriture et vie, faisant (re)naître des personnes de ma plume. Et j’ai réalisé que c’était possible ; j’ai réalisé surtout que c’était vraiment la personne qui ainsi prenait corps quasi physiquement pendant de l’écriture : pour un peu en étendant la main, j’aurais pu toucher celle qui me touchait au point de la coucher sur le plan de mes projections. L’écriture faisait bien vivre, une voie autre s’esquissait.
Un témoignage familial sur l'”Affaire”
A propos de De femme à femme à travers les générations
C’est à partir de 1894 que des événements historiques graves court-circuitèrent la vie de la famille Bayle. Ils sont relatés dans cet ouvrage tels que la tradition familiale a permis de les reconstituer, avec plus d’un siècle de recul. L’objectif de ce texte est de faire passer simplement un témoignage familial, troublant, plausible sinon convainquant.
Pourquoi son titre ? C’était la seule façon que le texte sorte, traiter en direct et ouvertement de l’Affaire faisait encore peur. Alors, l’ouvrage raccroche l’histoire de Paul Bayle, protagoniste direct et effacé de cet événement, à celle de son grand-père Charles Lebon, journaliste et diffuseur du gaz d’éclairage et de chauffage, puis de l’électricité. Entre eux est alors apparue une femme, fille du premier et mère du second. Ainsi, l’épisode dreyfusard a été intégré dans une histoire le précédant, et lui conférant un relief intéressant, du fait des liens entre deux hommes au destin hors du commun.
Dès lors, ce texte a pu finalement paraître dans la discrétion nationale, mais malgré tout sortant du silence un pan méconnu de notre histoire et par là, rendant hommage à cet homme qui fut victime d’événements le dépassant, lui autant que sa famille ayant hérité, là, d’un bien lourd (car potentiellement fort dangereux) secret.
De femme à femme à travers les générations:
Histoire de vie de Caroline Lebon-Bayle, 1824-1904 (1er prix section biographie et prix spécial du jury, au 25ème Concours littéraire international de l’association Arts et Lettres de France, juin 1995), 1997. 199 pages.
L’Harmattan, 5-7 rue de l’école Polytechnique, 75005 Paris. 16,77 Euros.