Les histoires de vie au risque de l’impensable
Chronique sociale 2006
Dire ça fait du bien, dit-on. Croit-on. Le savoir est émancipateur, entend-on aussi avec conviction. Sans doute. Quand il s’agit de circonstances ordinaires, même dramatiquement ordinaires, peut-être. Mais parfois, dire est quasi-impossible, directement mis en échec par ce qui eut lieu. Dire peut alors avoir besoin de taire, ne pouvoir que taire. En tout cas sur le moment. Il peut même y avoir par la suite nécessité d’un relais générationnel pour autoriser la possibilité du dire. De toute façon, dire ne suffit pas pour être entendu, tout comme taire n’empêche pas d’être entendu. La transmission n’est pas ce que l’on croit, elle est en tout cas avant tout dans la réception, pas dans l’émission. Ces propos sont le fruit d’une recherche qui s’est produite en s’écrivant, à la faveur d’un récit de voyages sur le thème des histoires de vie, en Pologne et au Japon. Aussi et au-delà du thème traité, cet ouvrage témoigne d’une mise en œuvre méthodologique qui montre et pointe en direct une recherche en train de s’accoucher en s’écrivant. Le lecteur pourra ainsi y assouvir deux entrées d’intérêt, car le texte a été laissé dans sa forme d’apparition, qui générera une dynamique de lecture suivant celle de sa survenue au bout de la plume enchevêtrant récit, ressentis et réflexions induites. M. L.-B.
Taire et transmettre : Les histoires de vie au risque de l’impensable (Broché)